Visite de La Paz (2)

Jeudi 19 décembre 2019

La Paz pourrait-elle prétendre au titre de grande ville la plus chaotique du monde ? En ce qui nous concerne, probablement. Est-ce parce que structure est en soi improbable ? (les quartiers riches en bas, où l’air est plus dense et les conditions moins froides ; les quartiers pauvres en haut, à 4000 mètres d’altitude). Est-ce parce que sa topographie en fait un endroit particulièrement difficile à parcourir ? (La Paz est essentiellement une vallée, et peu de rues sont planes). Est-ce à cause de ses trottoirs étroits, glissants, aux pavés couverts de graisse et parsemés de trous, par endroit encombrés encore plus par la présence d’étals divers ? Est-ce à cause de la présence forte de la mendicité, à tous les coins de rue et beaucoup plus visible qu’au Pérou voisin ? Est-ce à cause d’une météo imprévisible, qui en une seule heure peut transformer un soleil aux ultra-violets brûlants en une averse glaciale ? Est-ce à cause du nombre de minibus aux pots d’échappement défectueux, dégageant des fumées noires dans les démarrages en côte ? Bref, la première impression que nous a donné cette ville n’a pas été vraiment agréable. Cela ne nous empêche pas cependant de continuer aujourd’hui notre visite de La Paz, en commençant par notre quartier, le quartier des sorcières, où l’on vend moultes potions, filtres et amulettes pour toutes choses de la vie. Les llamas, en fœtus séchés ou en agneaux pelucheux, sont suspendus au plafond, attendant preneurs pour les rites de bénédiction des nouveaux bâtiments. Du bois de palo santo pour guérir de diverses afflictions, des poudres pour récupérer un amant, etc. Nous nous contentons d’acheter des gomitas à la coca, pour lutter contre le mal des montagnes (effet placebo ?). Nous poursuivons notre visite du grand marché à ciel ouvert que forment les rues de La Paz. Nous cherchons les sombreros boliviens, sans succès (où sont-ils donc vendus ? on en voit partout sur la tête des cholas …). Nous croisons des vendeurs ambulants pour tout et n’importe quoi : un tel se spécialise uniquement en épingles à nourrice, l’autre en gants en plastique … Des échoppes vendent des cunape (type de pao de queijo) et des sonso de yuca y queso (galettes de farine de yuca). Nous descendons la vallée pour trouver, à mi-chemin entre le quartier ancien et moderne, le restaurant japonais Ken-Chan, pour un délicieux teishoku. Une très bonne adresse à La Paz, le restaurant se trouve dans un immeuble qui intègre aussi l’association des Japonais de Bolivie. Curiosité locale : tout le monde mange avec une fourchette ! Nous longeons la Plaza del Estudiante et trouvons un joli café. Nous prenons ensuite un taxi pour aller visiter le musée d’ethnographie, un très joli musée qui se trouve dans un ancien bâtiment colonial. Au programme, sections tissage avec une galerie de bonnets de l’altiplano (ch’ullu), masques (qui n’ont rien à envier aux masques africains ou du pacifique), poterie, plumes (on est accueilli par une grand estatue de condor en résine), métaux (on apprend beaucoup sur les mines de Potosi ; la figure mythique du Tio qui protège les mineurs ; les routes parallèles de l’argent et du mercure (azogue) entre Potosi et Huancavelica, le mercure étant utilisé dans l’extraction de ce métal), section vêtements (avec la cape « urkhu » pour les femmes et le « punchu » pour les hommes). On apprend qu’en 1795 une ordonnance espagnole a interdit le port des vêtements qui rappelaient trop le style inca. Exposition temporaire sur le corps et ses variations : tatouages, coupes de cheveux (en particuliers les « tullma », pompons reliant les deux tresses des cholas). Bref une étape culturelle très intéressante. Nous prenons ensuite la ligne rouge du téléphérique, de la station Taypi Uta à Jach’a Qhathu, tout en haut dans la ville d’El Alto, sur le plateau. Nous survolons le cimetière et des blocs de maisons colorées avant d’atteindre le plateau et d’avoir une très belle vue sur les montagnes. Sur le plateau d’El Alto, de grands immeubles aux couleurs criardes s’alignent sur les boulevards, ce sont les « cholets », des immeubles financés par la nouvelle bourgeoisie indigène propulsée par l’ère Moralès (une affiche d’El Alto précise « El simbolo de la opulencia aymara ». Les cholets sont des immeubles d’une dizaine d’étages sur le toit desquels on trouve ce qui ressemble à un pavillon de banlieue (pour héberger le propriétaire). Nous nous perdons dans le marché du jeudi d’El Alto, sans malheureusement trouver de point de panorama décent … Finalement la nuit tombe et nous retournons en bas, à La Paz. Nous sommes impressionnés par ce réseau urbain (10 lignes) de téléphériques, un moyen de locomotion très moderne, peu cher (3 Bs), facile d’emploi et vraiment bien adapté à la topographie de cette ville. Apparemment il s’agit d’un projet initié par Evo Morales et plusieurs habitants de La Paz nous ont mentionné leur grande appréciation de cette initiative. Nous retournons à pied à l’hôtel, via le terminal de bus.

La rue Jaen, dans le centre historique
Dans le téléphérique
Le restaurant japonais Ken-Chan, une valeur sûre

     

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