Vers le Sud de la Thaïlande

Lundi 16 mars 2020

Nous nous réveillons avec des nouvelles de France assez déstabilisantes. Mais alors que le monde se barricade, la Thaïlande semble plutôt épargnée. La télévision thaïlandaise ne semble pas encore accorder beaucoup de place aux nouvelles concernant le nouveau coronavirus. Seuls quelques articles du Bangkok Post (vu en ligne, car je n’ai pas encore trouvé de point de vente) ne sont pas tendres avec le gouvernement local : le faible nombre de cas recensés serait tout simplement dû fait que presque personne n’est testé … Difficile de décrypter l’humeur du pays sans le recul adéquat. Seuls indices visibles : nous notons que le port du masque se multiplie à Bangkok et que le métro est étonnamment peu fréquenté. Nous avons la sensation, non étayée, que la Thaïlande ne sera pas forcément épargnée (pourquoi le serait-elle ?). Comme la plupart des pays où nous avions prévu d’aller ferment un à un leurs frontières (Népal, Myanmar, Sri Lanka, Malaisie, Turquie), comme nous n’avons plus de logement en France, comme nous ne sommes pas couverts par notre assurance-voyage en France, comme je ne pourrai pas obtenir de visa pour entrer au Japon (Chihiro et Emilie n’ont bien sûr pas ce problème), nous choisissons d’opter pour un confinement en Thaïlande. L’idée d’aller au Cambodge nous semble ce matin moins pertinente (les services de santé y sont moins performants et la crédibilité sur les chiffres officiels de l’épidémie encore plus faible qu’en Thaïlande). Nous choisissons donc d’aller sur une île du Sud de la Thaïlande, où les conditions de confinement seront facilitées du fait de la faible population. La destination choisie est l’île de Koh Tao. Et nous n’excluons pas de rester cloîtrés sur ce petit bout de terre du Golfe de Thaïlande durant plusieurs mois. Nous partons tôt à la gare centrale de Bangkok. Il est des choses qui ne semblent pas changer en Thaïlande, la gare de Hua Lamphong en fait partie. Seule modification : le guichet réservé aux Farangs a aujourd’hui disparu et tout le monde est traité à la même enseigne. Le train 43 de 8h05 pour Surat Thani est plein. Il se faufile dans la ville en faisant une boucle vers le Nord avant de traverser la rivière Chao Phraya et de descendre vers le Sud. Les abords de la voie forment toujours une zone de pauvreté qui rappelle les nouvelles de Rattawut Lapcharoensap (Café Lovely). Dans le wagon, un contrôleur en uniforme beige indique très gentiment aux étrangers fumeurs qu’il faudra patienter trois heures avant la prochaine cigarette et qu’il les préviendra « personnellement lorsque le temps sera arrivé ». On comprend de son attention qu’il fera lui-même partie des fumeurs sur le quai. En milieu de matinée, nous traversons la rivière Mae Klong, un effluent de la rivière Kwaï qui passe aussi à Kanchanaburi (la ville du fameux pont). Nous traversons maintenant un paysage fait de rizière et de collines karstiques, peuplées de zébus, aigrettes, cigognes et hirondelles. Le train passe devant Nong Sala, où nous nous étions arrêtés en 2013, à côté des plages de Hua Hin. Nous descendons ensuite le long de la Péninsule. A Prachuap Khiri Khan, la Birmanie n’est plus qu’à une douzaine de kilomètres vers l’Ouest. Nous descendons à Chumphon direction l’hôtel Paradorn, un grand hôtel de style de soviétique vide de clients.

La gare de Hua Lamphong (Bangkok) au petit matin
Quelques zébus le long de la voie ferrée
Beau paysage de la Thaïlande du Sud