明け方までの風のおかげで、暑さはなかったものの、一晩中びゅうびゅうと風の音がして、カーテンが大きく揺れ、なんだか不安で眠れなかった。今朝もマチュとえみりは、ゴミのパトロール。浜辺を歩いてゴミを拾ってくる。ほとんどゴミのないきれいなビーチだけど、プラスティックなどがたまに流されてくるようだ。今朝はだいぶ潮も満ちているし、風も強くて、海に入る気にはならないので、昨日から見始めたLord of The Ringを鑑賞する。午前中の室内はあまり暑くないのでソファに寝ころびながら快適にすごす。
Nananu-i-raはフィジー語で Daydream of the West という意味だ。フィジーの神話によると、Nananu-i-raは肉体を失った魂がほかの世界に旅立つ際の出発点だそうだ。静かに広がるビーチは、神話の世界を想像させる。3.5㎢のこの島には、数件ホテルがあるものの人はほとんどいない。
Camel vient gratter à la porte du bure et nous le laissons entrer pour qu’il aille réveiller Emilie. Ai terminé aujourd’hui le livre d’Anne Salmond sur les expéditions de Cook. Très belle description des trois expéditions : la première avec l’Endeavour (1768-1771), la deuxième et la troisième avec la Resolution (1772-1775 et 1776-1780) jusqu’à la mort de Cook sur la grande île d’Hawaii. L’auteur décrit ainsi les premières rencontres entre les Européens et les populations du Pacifique Sud, même si certaines îles sont laissées de côté (James Cook n’ayant pas abordé par exemple Samoa ou les Fidji). Les voyages sont surtout centrés sur les îles de la Société, la Nouvelle-Zélande, Tonga et pour le dernier voyage Hawaii. Les expéditions de Cook ont succédé à celles du Néerlandais Tasman (130 ans avant lui) et de manière plus récente à celles de Wallis. Elles étaient contemporaines des expéditions françaises de Bougainville, Marion Dufresne et Crozet puis La Pérouse. Le premier voyage, avec le naturaliste Banks, a amené Cook, après le passage du Cap Horn, à visiter Tahiti, à cartographier la Nouvelle-Zélande, la côte Est de l’Australie (« Nouvelle Hollande »), jusqu’au voyage retour par Le Cap (après que son équipage a été décimé par la maladie à Batavia). Le deuxième voyage, entamé cette fois-ci via Le Cap, a amené Cook au-delà du cercle polaire antarctique pour chercher Terra Australis, avant de revenir vers la Nouvelle-Zélande, Tahiti, Tonga (« the Friendly Islands »), la Nouvelle-Zélande encore (avec le massacre et le cannibalisme d’une partie de l’équipage du navire accompagnant), l’île de Pâques, les Marquises et les Tuamotu, Tahiti et les îles de la Société, Niue (« Savage Island »), Vanuatu, la découverte de la Nouvelle-Calédonie, l’île Norfolk puis à nouveau la Nouvelle-Zélande avant de revenir en Grande-Bretagne via la Terre de Feu. Le troisième et dernier voyage passa par Le Cap, les Kerguelen, la Tasmanie (considérée alors comme reliée à l’Australie), la Nouvelle-Zélande, les îles Cook, Tonga, les îles de la Société, la découverte de l’archipel de Hawaii, la recherche du passage du Nord-Ouest au-delà des îles Aléoutiennes …et le retour à Hawaii où Cook succombe à une attaque mortelle à Kealakekua. Dépecé, découpé et dispersé dans les villages environnants, le corps du Capitaine Cook sera finalement restitué partiellement à l’équipage anglais et sera déposé en mer. Les histoires de ce personnage donnent donc une intéressante description des cultures du Pacifique Sud, mais aussi de la vie en mer dans la marine anglaise du 18e siècle, avec son lot de scorbut, quasi-mutineries, coups de fouets, grog et autres traditions. Nous essayons de notre côté de trouver le passage Sud-Nord sur les collines de l’île Nananu i Ra, mais nous nous perdons sur les sentiers mal définis qui longent la colline de l’île. La promenade est cependant vivifiante. Nous trouvons quelques petites mangues sauvages que nous ramenons pour le dessert mais elles se révèlent trop acides.
Vue sur les chalets depuis les hauteurs de Nananu i RaLes fruits de noni (ou nono), dont on extrait un jus amer aux propriétés soi-disant thérapeutiquesRécolte de noix de coco sur la plageLes hibiscus de Nananu
Comme tous les jours, baignade matinale où nous donnons le pain de la veille aux poissons. Ils sont une vingtaine entre deux et vingt centimètres, toujours au rendez-vous, à côté de la jetée (nous les soupçonnons de passer le reste du temps sous le bateau). Comme tous les jours, deux frégates, à la forme si caractéristique, planent dans le ciel. Selon Maxine, la petite île que nous avons aperçue hier entre Nananu i Ra et Nananu i Cake héberge un resort à 3000 FJD la nuit (1200 EUR) ; cet hôtel accueillerait de riches visiteurs qui arrivent directement de Nadi en hydravion. Les villas que nous avons vues hier, en revanche, sont la propriété de Néo-zélandais qui viennent y passer l’hiver austral (durant l’été, ils préfèrent rester en NZ pour profiter des beaux jours et des nombreuses activités). A Nananu i Ra, nos jours se suivent et se ressemblent (ce qui n’est pas un problème en soi). Les activités : baignade, lecture, visite de snorkeling au récif, repas et marche occasionnelle (ce qui convient très bien). Pas de wifi dans notre hébergement, la seule connexion internet dont nous disposons est celle de la carte SIM pré-payée achetée à Nadi, que nous économisons en consultant seulement cinq minutes par jour pour emails, news et météo (saison des typhons oblige). Au bout de combien de semaines en aurions-nous assez de ce régime ? Difficile à estimer, mais pour l’instant nous ne nous en lassons pas. L’endroit se prêtre parfaitement à la lecture des poèmes de Neruda, qui aimait tant la mer ; à la Chascona de Santiago, nous avons acheté l’édition espagnol-anglais-français-portugais de « Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée » (intéressant de constater que chaque langue apporte une sonorité particulière à la poésie). De gros trous de crabes parsèment la pelouse entre les cottages, malheureusement il ne s’agit pas des fameux crabes des cocotiers (il faudrait aller sur des îles fidjiennes plus éloignées). Il paraît que la demande chinoise (à des fins gastronomiques) a fait baisser la population de cette espèce, mais a priori les plats de crabes des cocotiers sont aujourd’hui interdits à Fidji (depuis 2017, mais peu de Fidjiens semblent le savoir …). Vu dans la mer aujourd’hui (en plus des choses habituelles) : énormes bénitiers Tridacna de 20-30 cm de larges, concombre de mer à tentacules Synapta maculata. Quelques mots de fidjien en vrac : vanua (terre), vatu (pierre), waqa ([wanga] bateau), bure (maison), bure lailai (« petite maison », donc les toilettes …), mana (pouvoir), naga (serpent), tabu (sacré) …
L’arrière-pays vu de notre bureEmilie parée pour explorer le récifLes fleurs de frangipanier sont très odorantes (de près)L’heure de la sieste pour Camel
Baignade. L’île est presque déserte (hormis Maxine, qui accueille aujourd’hui trois membres de sa famille). Pas besoin de montre, il suffit de se repérer à la hauteur du soleil. Nous commençons à rationner les vivres, en particulier le café et les biscuits, de manière à tenir jusqu’à mardi. Pour le reste, il devrait y avoir suffisamment de nouilles pour ne pas mourir de faim. Une chose dont nous ne manquons pas, en revanche, sont les noix de coco. Il suffit d’aller au pied d’un cocotier pour en trouver. Avec un couteau de cuisine et deux grosses pierres, il faut compter environ 20 minutes pour les ouvrir sans trop transpirer (une machette serait plus pratique, si nous en avions une …). L’isolement est tout relatif, puisqu’en cas de manque de nourriture il nous suffirait d’appeler le bateau pour retourner sur Viti Levu et trouver quelques vivres au petit magasin de la jetée ou sinon au marché de Rakiraki (il faudra cependant payer cette traversée qui n’est pas donnée à 100 FJD, soit environ 40 EUR l’aller-retour). Les autres bures sont inoccupés, ainsi que la douzaine de villas qui bordent la baie au Sud. Nous trouvons un kayak de mer dans l’annexe et faisons quelques aller-retours vers le récif corallien à marée basse, l’après-midi. Le récif n’est pas très loin, à une dizaine de mètres du rivage. Il faut juste faire attention à ne pas se râper le ventre ou s’entailler les pieds sur les coraux qui affleurent à marée basse au creux de la vague. Nous pouvons voir de jolis poissons chirurgiens, des poissons papillons et quelques demoiselles. Nous cherchons les grosses étoiles de mer (crown of thorns starfish) qui déciment le corail local et que notre propriétaire nous enjoint d’éradiquer en cas de rencontre sous-marine (il s’agit juste de leur indiquer à quel endroit elles se trouvent, puisque les manipuler à mains nues peut être dangereux). Nous constatons qu’à Nananu i Ra, le temps peut changer en quelques minutes pour passer d’un temps radieux à une sombre averse, puis revenir à un soleil agressif qui à l’aide du vent sèche tout en deux minutes. En fin d’après-midi, lorsque le soleil se fait moins vigoureux, nous partons inspecter à pied la pointe sud de la baie. Nous traversons une zone de mangrove puis une plage rocailleuse où sont échouées d’énormes méduses d’une jolie couleur bleu-violet. La promenade est finalement plus longue que prévue et nous ne trouvons que des vents violents à la pointe de l’île. Nous revenons au bure juste avant le coucher du soleil.
Séance kayak sur le récifLes bungalows McDonald vus de South PointUne jolie méduse (Cephea cephea ?) digne d’un dessert britanniqueLa pointe sud de Nananu i Ra est très venteuse