La plage de Nananu i Ra (2)

Vendredi 14 février 2020

Baignade. Lecture. Baignade. Nourriture aux poissons. Balade à Sunset point avec Camel. Rencontre de Maxine, la propriétaire des lieux, qui nous raconte l’épisode du cyclone Winston de 2016 qui a détruit la jetée et une partie des bâtiments. C’est la Saint-Valentin aujourd’hui, et j’offre à Chihiro un goûter de noix de coco (il est facile d’en trouver sur la plage, le plus difficile reste de les ouvrir avec un couteau de cuisine et une grosse pierre). Je trouve un livre sur les voyages du capitaine Cook dans la bibliothèque de Maxine : The trial of the cannibal dog – Captain Cook in the South Seas – d’Anne Salmond. Pluie fine en fin de journée. Vents très forts pendant la nuit. La mer, qui était calme jusqu’à présent, est plus agitée et le bruit des vagues berce nos nuits (le rivage est à cinq mètres de notre bure).

La plage à marée haute
Sur le chemin de Sunset Point
Notre goûter pour cette journée
Un des nombreux locataires de la plage de Nananu

La plage de Nananu i Ra

Jeudi 13 février 2020

Le chien jaune (nous apprenons qu’il s’appelle Camel) nous ramène un crabe fendu en deux au petit-déjeuner. C’est la marée haute le matin, et nous marchons le long de la plage vers le sud de l’île. Seulement dix petits morceaux de plastique ramassés sur cent mètres de plage, on peut donc considérer que c’est une plage plutôt propre selon les standards du 21e siècle. L’eau est très transparente. Quelques noix de coco et pousses de mangrove flottent dans le ressac. Des petits poissons rayés de noirs nagent autour de nous dès que nous mettons les pieds dans l’eau. Les coraux, qui commencent environ à dix mètres du rivage sont très bien préservés. Les moustiques sont présents la nuit mais disparaissent heureusement à 8h du matin. Nos seuls voisins sur l’île sont Terry et Jemaima (un couple UK / Fiji ; Terry est un ancien de la Royal Navy à la retraite) et ils s’en vont demain. Pas d’internet ici, sauf le plan Digicel sur notre mobile, que nous essayons d’économiser. L’électricité est disponible de 8h à 14h puis de 17h à 20h. Le bure ne dispose que d’un seul ventilateur au plafond. Camel chasse les poissons dans l’eau, pataugeant à hauteur de garrot. Séance de snorkeling devant le bungalow. Vu dans la mer aujourd’hui : méduse, limace de mer, gros concombre de mer jaune, étoiles de mer bleue, couples de gobies et crevettes, sergents-majors jaune et noir. Nous distribuons du pain aux poissons, qui nagent par dizaines autour de nous ; ce sont des Crescent banded grunters (Terapon jarbua). Une ferme à coraux sur filets a été disposée devant les bungalows, juste en avant du récif. Averse à 19h et vent fort cette nuit. L’île Nananu i Ra se trouve à la pointe nord de la grande île de Fiji, Viti Levu. Elle se trouve au sud du passage Bligh Water, emprunté il y a 230 ans par le capitaine William Bligh, en 1787. L’expédition est surtout connue pour la mutinerie menée par Fletcher Christian, les mutinés ayant pris possession du navire Bounty pour se réfugier sur l’île Pictairn. Le capitaine Bligh a été, de son coté, mis à la mer dans une chaloupe avec 18 autres marins, des provisions et de l’eau au large des îles Tonga. Après avoir fait l’expérience de l’animosité des habitants de Tonga, la chaloupe est repartie en mer pour un des plus grands exploits maritimes (de même acabit que la traversée de la chaloupe James Caird entre Elephant Island et la Géorgie du Sud). La chaloupe a traversé, sans s’arrêter (car la réputation des Fidjiens était à l’époque celle de guerriers féroces) le bras de mer entre Viti Levu et Vanua Levu, les deux plus grandes îles de Fidji. Au bout de 41 jours de mer dans une barque de 7 mètres de long, les 19 marins arrivèrent au Timor sains et saufs. Depuis, les îles Fidji sont aussi connues comme les Bligh Islands. (Note : revoir plus tard le film The Bounty, 1984 avec Mel Gibson et Anthony Hopkins)      

La plage devant notre bungalow
De nombreux hibiscus sont plantés dans le jardin
Les premiers poissons à nous accueillir dans l’eau tous les jours
Beau coucher de soleil sur Nananu i Ra

Dans le nord de Viti Levu

Mercredi 12 février 2020

Check-out de l’Oasis à 10h. Nous prenons un bus local vers l’aéroport et achetons la précieuse et rare carte de bus, avec un exemplaire du Fiji Times. Nous reprenons un bus sur la Queens Road vers Lautoka (qui signifie « coup de lance » en fidjien), la seconde ville la plus peuplée de Fiji. En bord de route, le paysage défile, avec hibiscus, frangipaniers, papayers et arbres à pain. Chaque petit village possède son terrain de rugby (à sept). A notre gauche la mer et à notre droite de grandes collines vertes. Nous traversons en quelques minutes un paysage religieux multiple : la mosquée Masjid Ul Hilal, puis une église méthodiste et un temple hindou. Nombreux champs de canne à sucre, une culture qui représente l’économie principale de cette partie de l’île. Je finis le roman Mapuche aujourd’hui (au revoir l’Argentine) et débute Finders Keepers de Stephen King (acheté à Newmarket). Nous changeons de bus à Lautoka pour aborder la Kings Road. Nous profitons de cette étape pour faire nos emplettes au grand marché couvert de Lautoka, à côté du terminal de bus. Comme à Nadi, un grand espace est dédié à la vente de racines (ou de poudre) de yaqona (prononcer [yangona]), qui servent à fabriquer le cava (qu’on appelle aussi parfois le « grog »). A 12h30, nous embraquons dans un bus Sunbeam à destination de Rakiraki. Nous croisons plusieurs vendeurs de poissons (dont des poissons-perroquets) en bord de route. Nous achetons de petits ananas joliment découpés qui se mangent comme des glaces en bâtonnets. Le bus traverse les villes de Ba et Tavua. Après Rakiraki, il nous dépose au bord de la route, à l’embranchement qui mène à la jetée d’Ellington Wharf. Nous « partageons » (c’est nous qui payons) un taxi avec la vieille dame, Cecilia, qui tient le magasin du bout de la route. C’est marée basse dans la baie de Rakiraki : nous observons les petits crabes violonistes de couleur orange et les gobies sauteurs qui s’affairent dans la vase, pendant que nous attendons notre bateau. Nous arrivons à Nananu i Ra vers 16h00, après un petit trajet de 15 minutes en barque à moteur. Philo nous guide vers notre bure, un joli petit bungalow jaune et bleu avec deux chambres, cuisine et hamacs, posé juste devant la plage. De nombreux bernard-l’ermite remontent la plage, à la recherche d’on ne sait quoi. Un chien jaune arrive et prend ses quartiers devant la cuisine. La nuit est très calme mais très chaude aujourd’hui, sans climatisation ni ventilateur car le générateur d’électricité ne travaille que quelques heures dans la journée. Nous nous endormons à Nananu i Ra, le « Pays des rêves de l’Ouest ».  

Champs de canne à sucre vers Lautoka
Entre Lautoka et Rakiraki
Le bout du chemin, à Ellington Wharf
Notre bure sur l’île de Nananu i Ra