Sur les quais de Puerto Madero

Mercredi 15 janvier 2020

Petit-déjeuner à l’appartement (je trouve une bonne panaderia avec des medialunas tout juste sorties du four). Il pleut ce matin sur Buenos Aires, mais le soleil revient en fin de matinée. Achat de la carte SUBE à la station Santa Fe : cette carte rechargeable en bornes ou aux guichets (ou surtout dans de nombreuses supérettes) permet de prendre le métro (subte) et le bus. Nous prenons la ligne D et descendons à la station Catedral. Promenade sur la Plaza de Mayo, les pavés sont décorés d’images de foulards blancs, une référence aux mères et grand-mères des desaparecidos qui continuent de défiler chaque semaine sur cette même place (ces « disparus » de la dictature militaire seraient entre 20 000 et 30 000). Nous contournons la Casa Rosada (équivalent de la Maison Blanche) et entrons dans le quartier de Puerto Madero. Les anciens docks ont été aménagés en quartier chic mais les entrepôts en brique rouge sont très bien conservés et quelques grues métalliques restent exposés en bord de canal. Nous repérons tout de suite le majestueux trois-mâts Presidente Sarmiento, l’ancien navire école de la Marine Nationale Argentine. Las, celui-ci est exceptionnellement fermé aujourd’hui à cause de la pluie. Nous traversons le pont tournant et, sur insistance d’Emilie, nous finissons par déjeuner à Mostaza, l’équivalent argentin de Quick. Sur la partie Est de Puerto Madero, de grandes tours s’alignent. C’est dans l’un ces appartements luxueux que le procureur Alberto Nisman a été retrouvé mort (assassinat ou suicide) en janvier 2015. Depuis, l’affaire Nisman ne cesse de venir hanter le milieu politique argentin (en résumé, le procureur enquêtait sur les causes de l’attentat à Buenos Aires en 1994 contre l’association juive AMIA, un dossier mêlant Iran, Israël, Etats-Unis et real politik argentine au plus haut niveau du gouvernement). Nous revenons au Centro, flânons dans la vieille librairie De Avila, puis continuons sur la rue piétonne Florida (sans exagérer aucunement, nous entendons la proposition « cambio » de changeurs de dollars à la sauvette tous les cinq mètres !). Emilie achète un nouveau doudou (le chat Mao étant très probablement resté coincé dans le train bolivien …) et je renouvelle mon stock de T-shirts. Nous trouvons un havre de paix dans un cloître de la rue Reconquista en cherchant le restaurant El Patio. Nous poursuivons et trouvons la médiathèque de l’Alliance Française où nous faisons une pause-lecture (très bon recueil de courtes bandes-dessinées intitulé « Carne Argentina », par un collectif d’auteurs argentins qui décrivent la crise financière de 2001, où les gens ont vu leur compte en banque bloqué du jour au lendemain). De retour à l’hôtel, un premier bilan s’impose et au premier ordre la phrase de Joseph Kessel au sujet de Buenos Aires sonne juste : Pour un Européen, « on n’éprouve qu’une surprise, celle de ne pas en avoir ». Buenos Aires ressemble bigrement à Paris (surtout vu de notre quartier de Recoleta). Pourtant quelques détails au deuxième ordre suggèrent que nous ne sommes pas sur le même continent : la manière de (ne pas) tailler les grands arbres qui bordent les routes, les grillages qui entourent les balcons (une conséquence des pillages qui auraient pris place durant la crise de 2001 ?), les taxis jaunes et noirs, les médecins et infirmières qui rentrent chez eux (à pied ou en métro) dans leur uniforme bleu ou vert, les promeneurs de chiens professionnels s’agrippant à une demi-douzaine de laisses, les panaderias, les restaurants d’empanadas, les nombreuses pizzeria (héritage italien oblige), le carrelage souvent cassé sur la chaussée, les ferreteria (trouve-t-on autant des quincailleries à Paris ?), les librairies poussiéreuses mais respectées pour leur passé glorieux, les kiosques à journaux rectangulaires, etc.

La Plaza de Mayo, le centre politique de BA
Puerto Madero et le navire Sarmiento
C’est l’été et de nombreux Argentins sont sur la Côte Atlantique

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